
Le 29 mars 2025, Charlotte Zehrer, une éminente avocate des droits humains, s’est exprimée à Genève. Sa voix a résonné dans les salles historiques lors d’une réunion du Peaceforum soudanais, un moment gravé dans les mémoires. Elle a parlé du Soudan, un pays ravagé par des années de conflit, et s’est concentrée sur la catastrophe humanitaire qui s’y déroule. Le Soudan porte les cicatrices d’une histoire de domination coloniale, de luttes de pouvoir internes et de violence depuis son indépendance en 1956. En 2025, la crise atteint un nouveau seuil critique, avec des millions de déplacés et des services essentiels en ruine.
Elle a débuté avec des chiffres saisissants. Dès novembre 2024, plus de 11 millions de personnes avaient fui à l’intérieur du Soudan, tandis que 3 millions avaient cherché refuge dans les pays voisins. Mais Charlotte Zehrer a creusé plus loin que les statistiques. Elle a dénoncé les attaques systématiques contre les femmes et les filles, qu’elle a qualifiées d’arme de guerre délibérée. « Ce n’est pas un effet collatéral, » a-t-elle affirmé avec force, « mais une tactique pour briser les communautés. » Ses mots ont figé l’assemblée.
Une longue ombre de violence
Le conflit au Soudan puise ses racines dans des décennies de tensions autour des ressources et du pouvoir. Depuis 2023, la situation n’a fait qu’empirer. L’accès humanitaire reste entravé par des blocages, et même les rares avancées, comme la réouverture de la frontière d’Adre, ne suffisent pas. Plus de 24,8 millions de personnes – la moitié de la population – ont un besoin urgent d’aide. Charlotte Zehrer a souligné combien l’espace civique se rétrécit sous cette pression. Des journalistes sont traqués, avec au moins 12 morts depuis le début du conflit, et des arrestations arbitraires rendent l’expression libre périlleuse.
Une coupure des télécommunications en 2024 a paralysé le pays, isolant 30 millions de personnes du monde extérieur. Bien que la connexion soit partiellement rétablie, l’oppression persiste. Charlotte Zehrer a peint un tableau d’une société luttant pour survivre au milieu du chaos, appelant à ne pas détourner le regard.

La voix des femmes oubliées
Le passage le plus poignant de son discours portait sur les violences faites aux femmes. Elle a cité des rapports de l’ONU : au moins 120 cas de violences sexuelles depuis le conflit, touchant plus de 200 victimes. La réalité est bien pire, a-t-elle insisté, car la peur et la stigmatisation empêchent les signalements. Dans des régions comme le Darfour, les minorités ethniques sont particulièrement visées. Elle a partagé le témoignage d’une survivante : « Ils voulaient nous détruire, mais nous tenons bon. » L’émotion était palpable.
Ces violences laissent des traces profondes. Les grossesses issues de viols ont quintuplé, et les survivantes manquent cruellement de soutien. L’hôpital de maternité saoudien au Nord-Darfour, un rare refuge, est attaqué depuis mai 2024. Charlotte Zehrer a exigé des mesures : il faut protéger ces femmes et agir contre ces atrocités.
Un appel qui perdure
Charlotte Zehrer a conclu avec un message percutant. Elle a demandé aux parties en conflit de cesser l’oppression des civils et de permettre l’aide humanitaire. Les femmes et les filles doivent être protégées, a-t-elle martelé, et la paix sans justice est impossible. Le monde ne doit pas oublier le Soudan, mais intervenir dès maintenant. Ses paroles ont résonné comme un vibrant plaidoyer pour la solidarité, enraciné dans la tradition humanitaire de Genève.